Solastalgie : le mal du siècle

Eco-anxiété solastalgie

Le dérèglement climatique : une source d'inquiétude majeure chez les français et les jeunes

Chaque année depuis 1998, le baromètre IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) mesure la perception des risques et de la sécurité par les français. 

Depuis 2009, le dérèglement climatique s’installe durablement en tête des principaux sujets d’inquiétude pour les français. En 2020, il arrive à la 3ème place derrière la santé et le terrorisme en ayant été choisi par 15 % des français comme préoccupation principale. Pour les 18-24 ans, ce sujet monte en 2ème place du classement avec 25% des votes. 

Plus qu'une inquiétude, un profond mal-être s'installe

Cette prise de conscience autour des sujets liés à l’écologie s’accompagne d’un mal-être grandissant souvent qualifié d’éco-anxiété, c’est-à-dire d’une angoisse liée aux effets futurs du dérèglement climatique sur la planète.

Mais depuis quelques années, les effets de ce dérèglement sont vécus quotidiennement, au présent, par les populations qui voient leur environnement se dégrader sous leurs yeux. Ainsi, l’éco-anxiété se mue en ce que le philosophe australien Glenn Albrecht qualifie en 2003 de “solastalgie”. La solastalgie ne relève pas seulement de l’anticipation, c’est un concept plus large qui correspond à « l’expérience vécue d’un changement environnemental perçu négativement ».

La palette des émotions ressenties s’étend au-delà de l’anxiété selon Alice Desbiolles, médecin de santé publique. Une personne solastalgique peut aussi se sentir coupable, triste, inquiète pour le futur, désespérée ou en colère. Autant d’émotions qui sont si paralysantes que certaines personnes choisissent la voie du déni pour éloigner leur spectre terrifiant.

Retrouver le bien-être par l'action

Quand on y pense, les émotions ressenties par les personnes solastalgiques s’apparentent un peu à celle du deuil, le deuil de notre environnement tel qu’on le connaît. Elles peuvent se visualiser selon une courbe avec plusieurs étapes, un modèle théorisé par la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross en 1969 et adapté au sujet du changement climatique par Mathieu Van Niel dans le dessin ci-dessous (et simplifié par Tristan Nitot).

Changement climatique et courbe du deuil

Suite au choc de la prise de conscience sur un sujet environnemental, on peut ressentir de la peur, de la tristesse, de la colère, dans cet ordre ou dans un autre, ou seulement une partie de ces émotions. On peut d’ailleurs rester longtemps dans une de ces émotions. 

 

Accepter le changement et passer à l’action, s’engager au niveau individuel et collectif, permet de retrouver de l’énergie et de s’employer à résoudre les causes de notre mal-être. 

Le cycle reprend à chaque nouvelle prise de conscience sur un autre sujet lié à l’environnement. À long-terme, la solastagie peut donc être source de changements bénéfiques pour nous et pour la société puisqu’elle permet le renouveau et l’adaptation. 

Pédagogie the loop project

Chez the loop project nous visualisons la transition vers un mode de vie plus durable non pas comme un chemin linéaire ou une courbe mais comme une loop, une boucle infinie, avec un premier looping de prise de conscience qui est difficile à passer et un deuxième looping de passage à l’action qui permet de remonter la pente. 

Le passage à l’action, l’engagement, la mobilisation suite à la prise de conscience permet d’aligner ses pensées et ses actions, de réduire la dissonance cognitive qui nous habite quand on est en proie à la détresse solastalgique et donc de retrouver du bien-être. 

Comment agir et avoir de l'impact ?

Pour se mettre en action sur le sujet climatique et faire advenir un changement global, on peut fonctionner par paliers. Le premier palier est celui du savoir et de la formation sur les enjeux climatiques. Pour le deuxième palier, il s’agit de faire savoir ce que l’on a appris en sensibilisant les autres. Ensuite d’agir, de modifier son comportement, en considérant d’abord les enjeux présents sur lesquels on a une emprise directe. Et enfin d’encourager les autres à agir et s’engager par l’exemple.

Il est essentiel de s’aider du collectif et de s’entourer de personnes qui sont dans une démarche similaire pour garder le moral. C’est pourquoi les ateliers organisés par the loop project en entreprise sont toujours collectifs et laissent la part belle aux échanges. 

Chaque participant est encouragé à partager ses connaissances et les actions qu’il entreprend, ses échecs et ses réussites. Ce partage de collaborateur à collaborateur a beaucoup plus d’impact que s’il venait d’un intervenant extérieur qui n’a que peu d’influence sur les participants. 

Les animatrices et animateurs the loop instaurent un cadre d’échange enthousiaste et bienveillant et rappellent des faits utiles pour stimuler les échanges et l’intelligence collective. L’approche de chaque atelier est ludique pour favoriser la participation et l’interaction. 

Il est difficile de prendre conscience et d’agir sur tous les enjeux en même temps, c’est pourquoi nous privilégions une approche par thématique : urgence climatique, consommation responsable, alimentation durable, sobriété numérique, mobilité douce. 

Atteindre ensemble le point de bascule

 Le changement se propage donc de pair à pair, en traitant les sujets un à un. Cela peut paraître lent et insuffisant face à l’urgence à laquelle nous faisons face. Cependant, avec cette méthode, nous pouvons atteindre le point de bascule que Thomas Wagner, de l’excellent média Bon Pote, décrit comme suit : 

“En sociologie, un tipping point, qu’on peut traduire par « point de bascule sociologique », se définit comme un point dans un système social où un petit changement quantitatif peut déclencher des changements rapides et non linéaires. Cela conduit inévitablement et souvent de manière irréversible à un état qualitativement différent du système social. Inventé par Morton Grodzins, l’expression a ensuite été démocratisée par Thomas Schelling, ou encore Jean Pierre Dupuy. Ce qui m’intéresse très exactement ici, c’est le point de bascule écologique, donc politique. Ce moment où le politique se dira ‘ok, je dois le mettre dans mon programme, ou faire passer des lois, car j’ai plus à y gagner qu’à perdre’. (…) Selon l’éditorialiste américain Malcolm Gladwell, ce fameux tipping point se trouve quelque part aux alentours de 10 % d’une population, seuil à partir duquel une minorité engagée et adoptant de nouveaux comportements peut changer la norme sociale et entraîner dans son sillage la majorité silencieuse. C’est également ce que pense Christophe Itier, Haut-Commissaire à l’Économie sociale et solidaire et à l’innovation sociale. Il explique qu’un point de bascule est possible pour changer les comportements si on atteint une masse critique de 10% d’acteurs convaincus.

 

Si le pourcentage seuil n’est pas prouvé scientifiquement, le concept même donne de l’espoir car l’objectif n’est plus de convaincre l’ensemble de la population de changer son mode de vie mais de constituer une minorité très engagée dont les actions feront advenir des changements politiques majeurs. 

Alors, prêt à rejoindre la loop pour atteindre ce point de bascule et combattre la solastalgie ?